Une carte professionnelle des prêtes pour lutter contre les abus sexuels dans l’Église

Elle s’appelle Celebret et existe depuis… 1545. Annoncée lors d’une conférence de presse dans le cadre de la Conférence des évêques de France, à Paris, le 10 mai dernier, cette carte d’identité des prêtres, un peu oubliée, reprend du service. Elle a pour objectif d’éviter que les prédateurs sexuels interdits de célébrer ou de confesser dans un diocèse ne puisse se présenter autre part, là où personne ne les connaît.

13000 prêtres et 3000 diacres recevront leur celebret d’ici la fin de l’année. Afin d’éviter toute falsification, celui-ci contiendra un QR code renfermant un code couleur : vert, le prêtre ne possède pas de restriction pour célébrer la messe mais aussi confesser ; orange, s’il existe au moins une restriction par exemple celle de ne pouvoir rester seul avec des enfants ; enfin rouge, si le prêtre ne peut plus exercer ou s’il est déchu de l’État clérical.

Une mise à jour devra être effectuée chaque année par les diocèses et congrégations religieuses. Dans le cas d’un fait grave (sanction civile ou canonique) l’actualisation sera immédiate.

Ce document devrait donc empêcher les prédateurs sexuels de passer sous les radars du contrôle ecclésiastique.

Avec ce Celebret, l’Église marque un peu plus sa volonté de lutter contre les dérives sexuelles en son sein qui lui ont coûté si cher en termes d’image ces dernières années.

Il faut espérer que les autorités ecclésiastiques en charge de ce contrôle, s’accapareront effectivement de ce dispositif pour qu’il soit vraiment efficace.

Une campagne nationale contre le harcèlement scolaire

La priorité de la rentrée 2023 sera la lutte  contre le harcèlement scolaire déclarait le ministre de l’Éducation nationale, M. Pap Ndiaye, le 13 juin dernier. Une annonce doublée de celle du lancement d’une campagne de prévention diffusée à la télévision, sur les réseaux sociaux et affichages.

Ces annonces en cascade, raillées par une partie du corps enseignant qui déplore les effets d’annonces, font suite au suicide de la jeune Lindsay âgée de 13 ans, victime de cyberharcèlement. Après la rencontre avec les parents de la jeune adolescente, le ministre annonçait la tenue d’une heure de sensibilisation au problème du harcèlement dans toutes les classes de collège.

Souhaitons que ces initiatives – raillées par une partie du corps enseignant qui déplore les effets d’annonces – déborde du cadre du collège, car nous le savons, même s’il est plus fréquent au collège, le harcèlement débute dès la primaire et est encore malheureusement très ancré au lycée.

Violences sexuelles infantiles : le coût du déni

L’énorme et remarquable travail effectué par la Ciivise pour recenser les violences sexuelles sur enfants et cas d’inceste n’est plus à démontrer.

Le 12 juin dernier, cette même commission est allée plus loin en annonçant le coût du déni pour notre société. Selon son étude, le déni entourant les violences sexuelles sur les enfants coûte 9,7 milliards d’euros par an à notre société.

Pour parvenir à ce chiffrage, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants s’est appuyée sur les données disponibles (enquêtes auprès des victimes et de la population générale, études françaises et internationales), en extrayant les conséquences pouvant être évaluées financièrement. Ont été ajoutés les frais de dépenses publiques telles que les frais de police et de gendarmerie, de justice pénale, l’aide sociale à l’enfance ou encore le traitement des troubles mentaux. Tout cela rapporté au nombre de cas connus.

L’étude révèle ainsi les coûts financiers de l’exposition à l’inceste et de façon générale aux violences sexuelles pendant l’enfance (2 609 millions d’euros par an, soit 27 % du chiffrage), le coût du traitement des troubles mentaux (2 101 millions d’euros, 21,7 %) et l’accueil et l’accompagnement des victimes (1 676 millions d’euros, 17,3 %).

Le cabinet Psytel, à qui a été confiée cette étude, avoue que ce chiffrage est a minima puisqu’elle ne prend en compte que les postes de dépenses dont nous disposons de données très précises. Ce qui laisse supposer un coût réel bien supérieur.

Forte de ces chiffres, la Ciivise insiste dans la seconde partie de son rapport, sur la nécessité d’un parcours de soins « adaptés à la spécificité du psychotraumatisme résultant des violences sexuelles ». Ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas aujourd’hui.

Les résultats de cette étude ont permis à la Commission de rappeler le caractère urgent et essentiel pour l’ensemble de la société de la mission qui lui a été confiée et de l’importance, selon Édouard Durand, co-président de la Ciivise, que « ce mouvement vertueux qui allie recueil des témoignages des victimes et renforcement de la culture de la protection, aujourd’hui encore nécessaire et utile, se poursuive ».

Inquiétante montée des préjudices sexuels en ligne

Alors que le harcèlement en ligne est devenu le fléau que l’on connaît, on découvre qu’Internet expose à une autre forme de violence, le préjudice sexuel en ligne. Réception d’images à caractère sexuel d’un adulte connu ou non, appels à envoyer une photo ou une vidéo sexuellement explicite partagées sans le consentement de l’adolescent, ces rencontres avant l’âge de 18 ans, redoutées de tous les parents, prennent des proportions inquiétantes.

C’est  ce que révèle  l’étude menée par WeProtect Global Alliance (qui milite pour mettre fin aux violences sexuelles contre les enfants en ligne), dont les conclusions ont été dévoilées le 12 juin dernier. On y découvre notamment qu’en France 2 jeunes âgés de 18 ans sur 3 auraient connu un préjudice sexuel en ligne.

L’étude qui portait sur l’estimation de l’exposition des enfants aux préjudices sexuels et leurs facteurs de risque en France, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne, alerte sur l’inquiétante flambée de cette exposition chez les jeunes avant l’âge de 18 ans. À commencer par l’Allemagne (73% des répondants ont subi un préjudice sexuel en ligne avant leur 18 ans), suivie de la Pologne (69%), des Pays-Bas (68%) et enfin la France (64%).

Presque sans surprise, selon l’étude, les filles sont également largement plus touchées que les garçons par ces violences à distance (79% contre 57%), tout comme les jeunes issus d’une minorité (sexuelle ou ethnique/raciale). En moyenne, les enfants sont exposés pour la première fois à un contenu sexuellement explicite en ligne seulement deux ans après avoir commencé à avoir accès à Internet.

Autre chiffre édifiant, 85 % des personnes interrogées en France qui ont été confrontées à une tentative de discussion l’ont reçue via leur téléphone portable, et 65 % l’ont vécue via des services privés de partage ou de vidéos.

Preuve est donc faite que les enfants sont insuffisamment protégés. La réalité est que la majorité d’entre eux possèdent un téléphone dès leur entrée au collège mais n’ont pas la maturité suffisante pour réagir en cas d’intrusion d’un adulte malveillant. Au mieux ils bloqueront l’intrus sans en parler à un adulte qui pourrait signaler le prédateur afin qu’il soit poursuivi. Selon  Mié Kohiyama (présidente du Brave Movement en France « pour protéger les victimes, nous devons demander le retrait des images sans consentement des enfants et qui peuvent constituer une agression sexuelle ».

De la prévention, mais pas que…

Si le travail de prévention auprès des parents et des enfants est indispensable, une législation plus stricte encadrant la détection, le signalement et le retrait des contenus à caractère sexuel sur Internet se fait attendre.

Aujourd’hui la loi n’est guère contraignante puisqu’elle demande aux fournisseurs le retrait de contenus pédocriminels uniquement sur la base du volontariat. Une législation très peu contraignante donc qui de plus prendra fin à la fin de l’année  2024. D’où l’urgence d’agir vite. Très vite pour imaginer un cadre obligeant les fournisseurs à détecter, supprimer mais aussi signaler tout contenu pédocriminel.

On peut espérer que les technologies futures aideront à repérer ces contenus dangereux, même dans le cadre de conversations privées. Et peut-être même repérer le fameux Grooming (un adulte se faisant passer pour un enfant).

En attendant, la priorité absolue reste d’obtenir une réglementation à l’échelle européenne pour tenter de freiner ce phénomène tellement destructeur pour des jeunes en pleine construction.

Nouveau plan d’action gouvernemental contre les violences sur enfants

Mercredi 7 juin 2023, Charlotte Caubel annonçait en conseil des ministres à la fois le bilan du gouvernement en matière de lutte contre les violences sur enfants mais surtout les nouvelles grandes orientations du gouvernement pour lutter contre ces violences. Selon la secrétaire d’État, le gouvernement souhaite un « choc » pour parvenir à « une vraie mobilisation sociétale ».

Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat en charge de la Protection de l’enfance

Et Madame Caubel de rappeler les chiffres extraits du diagnostic de la Ciivise depuis 2021 qui fait état de 160 000 mineurs victimes chaque année de violences. Soit un enfant agressé toutes les 3 minutes. Mais aussi un enfant tué tous les 5 jours dans le cadre familial.

Face à ces chiffres glaçants, la secrétaire d’État a annoncé au journal Le Monde que le gouvernement serait « au rendez-vous, c’est son rôle d’agir pour améliorer la prévention, le repérage ainsi que les sanctions ». Concluant sur la nécessité « que les citoyens se mobilisent ». Un objectif que notre association défend depuis sa création.

En pratique, Madame Caubel a annoncé devant les ministres que le plan d’action s’articulerait autour de trois points.

À commencer par un travail sur la formation aux violences des professionnels de l’enfance (corps enseignant et professionnels de santé). Puis la création d’une nouvelle plateforme téléphonique pour accompagner ces mêmes professionnels. Enfin, la diffusion dès septembre d’un spot d’une campagne de communication nationale sur l’inceste.

Côté Justice, le ministre a annoncé l’envoi aux parquets d’une circulaire ministérielle concernant la politique pénale en matière de lutte contre les violences sur mineurs. M. Dupond-Moretti invite ainsi les magistrats à s’inscrire dans une boucle avec les différents acteurs de l’enfance.

En plus de ces trois axes majeurs, d’autres mesures devraient suivre à l’image de la généralisation dans chaque département d’unités pédiatriques dédiées aux enfants en danger.  Des unités qui devraient permettre une prise en charge pluridisciplinaire des jeunes victimes.

INTERNET

L’inquiétante montée des préjudices sexuels en ligne

Alors que le harcèlement en ligne est devenu le fléau que l’on connaît, on découvre qu’Internet expose à une autre forme de violence, le préjudice sexuel en ligne. Réception d’images à caractère sexuel d’un adulte connu ou non, appels à envoyer une photo ou une vidéo sexuellement explicite partagées sans le consentement de l’adolescent, ces rencontres avant l’âge de 18 ans, redoutées de tous les parents, prennent des proportions inquiétantes.

C’est  ce que révèle  l’étude très intéressante menée par WeProtect Global Alliance (dont l’objectif est de mettre fin aux violences sexuelles en ligne contre les enfants), dont les conclusions ont été dévoilées le 12 juin dernier. On y découvre notamment qu’en France 2 jeunes âgés de 18 ans sur 3 auraient connus un préjudice sexuel en ligne.

L’étude qui portait sur l’estimation de l’exposition des enfants aux préjudices sexuels et leurs facteurs de risque en France, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne, alerte sur l’inquiétante flambée de cette exposition chez les jeunes avant l’âge de 18 ans. À commencer par l’Allemagne (73% des répondants ont subi un préjudice sexuel en ligne avant leur 18 ans), suivi de la Pologne (69%), des Pays-Bas (68%) et enfin la France (64%).

Presque sans surprise, selon l’étude, les filles sont également largement plus touchées que les garçons par ces violences à distance (79% contre 57%), tout comme les jeunes issus d’une minorité (sexuelle ou ethnique/raciale). En moyenne, les enfants sont exposés pour la première fois à un contenu sexuellement explicite en ligne seulement deux ans après avoir commencé à avoir accès à Internet.

Autre chiffre édifiant, 85 % des personnes interrogées en France qui ont été confrontées à une tentative de discussion l’ont reçue via leur téléphone portable, et 65 % l’ont vécue via des services privés de partage ou de vidéos.

Preuve est donc faite que les enfants sont insuffisamment protégés. La réalité est que la majorité d’entre eux possèdent un téléphone dès leur entrée au collège mais n’ont pas la maturité suffisante pour réagir en cas d’intrusion d’un adulte malveillant. Au mieux ils bloqueront l’intrus sans en parler à un adulte qui pourrait signaler le prédateur afin qu’il soit poursuivi. Selon  Mié Kohiyama. (présidente du Brave Movement en France, association membre de We Protect Global Alliance “pour protéger les victimes, nous devons demander le retrait des images sans consentement des enfants et qui peuvent constituer une agression sexuelle ».

De la prévention, mais pas que…

Si le travail de prévention auprès des parents et des enfants est indispensable, une législation plus stricte encadrant la détection, le signalement et le retrait des contenus à caractère sexuel sur Internet se fait attendre.

Aujourd’hui la loi n’est guère contraignante puisqu’elle demande aux fournisseurs le retrait de contenus pédocriminels uniquement sur la base du volontariat. Une législation très peu contraignante donc qui de plus prendra fin à la fin de l’année  2024. D’où l’urgence d’agir vite pour imaginer un cadre obligeant les fournisseurs à détecter, supprimer mais aussi signaler tout contenu pédocriminel.

On peut espérer que les technologies futures aideront à repérer efficacement ces contenus dangereux, même dans le cadre de conversations privées. Et peut-être même repérer le fameux Grooming (un adulte se faisant passer pour un enfant).

En attendant, la priorité absolue reste d’obtenir une réglementation à l’échelle européenne pour tenter de freiner ce phénomène tellement destructeur pour des jeunes en pleine construction.

Photo : Annie Spratt

Harcèlement scolaire

Suicide de Lindsay : une enquête administrative ouverte

Elle avait 13 ans et subissait depuis la rentrée le drame du harcèlement scolaire. Elle s’est donnée la mort le 12 mai dernier et son nom s’ajoute à la longue liste de ces enfants et adolescents qui n’ont trouvé comme issue à ce qu’il subissait chaque jour que la mort.

Son suicide a déclenché une enquête administrative annoncée le 26 mai par le rectorat de l’académie de Lille. En effet, de l’aveu même du directeur académique, Jean-Roger Ribaud, les services scolaires auraient pu « aller plus loin dans le suivi » de la collégienne.

Selon ce dernier, la maman et la jeune fille avaient pourtant été reçus tour à tour par l’infirmière, le CPE et le principal. « On a déclenché le protocole, cela a donné un conseil de discipline, ce conseil de discipline a permis d’exclure une des principales auteures de ce qui s’est passé », a précisé M. Ribaud. « Mais ça s’est avéré malheureusement insuffisant. »

Une responsabilité collective donc d’une administration qui semble toujours avoir du mal à prendre au sérieux l’urgence de la détresse extrême de ces jeunes, toujours plus nombreux, victimes de harcèlement, et qui tarde à agir.

Lindsay était élève de 4e du collège Bracke-Desrousseau de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Elle était, selon sa mère, victime « d’insultes à répétition » à l’école comme sur les réseaux sociaux. L’histoire se répète, encore et toujours.

Dans cette affaire, 4 mineurs ont été mis en examen pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide ». Une personne majeure a quant à elle été mise en examen pour « menaces de mort ». 

Si l’État a pris clairement en mains le problème du harcèlement scolaire, notamment avec le programme pHARe, la prise en compte des élèves harcelés, leur écoute ainsi que celle des parents, est encore très tardive.

La sensibilisation des élèves, parents et professionnels, travail que mène L’Enfant Bleu Toulouse à travers ses interventions en milieu scolaire (IMS), est plus que jamais indispensable. Le drame de Lindsay nous le rappelle une fois de plus.

Photo Nathan Anderson

Foyers d’accueil

Les enfants placés insuffisamment protégés

Les enfants placés sous la Protection de l’enfance continuent à être insuffisamment protégés et voient leurs souffrances perdurer sur leur lieu de placement ou lors des droits de visite. C’est le triste constat de l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis qui s’est intéressé au cas des jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis. Au-delà des résultats de cette étude , révélés le jeudi 9 mars dernier, c’est sans doute la reconnaissance officielle d’un dysfonctionnement à grande échelle qu’il faut noter à travers cette publication.

L’étude portait sur 100 mineurs victimes de violences sexuelles placés sous protection de l’enfance. Plus précisément, 84 filles et 16 garçons, avec un âge moyen de 14 ans et 7 mois.

Sans surprise, pour 94 cas, les violences trouvent leur source dans le cadre familial, des hommes dans une écrasante majorité. 72 de ces jeunes ont été victimes d’inceste et 75 enfants sur les 100 de cette étude ont été violés.

Fait alarmant, si 67 enfants l’ont été avant leur placement, 57 l’ont aussi été pendant. Soit sur le lieu même de placement, soit dans les foyers d’accueil par d’autres enfants placés, par des professionnels ou encore des personnes de leur entourage. Enfin, selon l’étude, sur ces 57 enfants, 15 ont été agressés lors des droits de visite et d’hébergement décidés par le juge. 

Autre enseignement de cette enquête : les jeunes victimes ont le plus souvent connu plusieurs agresseurs et souffrent d’autres types de violences telles que des violences psychologiques (90 %), physiques (79 %), ou sont les victimes de violences conjugales (58 %).

Si ces chiffres n’étonnent que très peu tous ceux qui travaillent autour de la maltraitance infantile, le juge Édouard Durand, spécialiste de ces questions et coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants estime que leur diffusion et leur reconnaissance par le département le sont davantage.

Reste à espérer que cette reconnaissance puisse vraiment accélérer et améliorer la protection des enfants, qui trop souvent n’a de protection que le nom.

Droit à l’image

Les enfants ont leur mot à dire

Les enfants ont eu raison de la discorde au Palais Bourbon. Une fois n’est pas coutume, lundi 6 mars l’Assemblée nationale a voté comme un seul homme. Le texte en question visait à mieux protéger le droit à l’image des enfants face à une dérive de certains parents qui n’hésitent pas à surexposer leurs progénitures sur les réseaux sociaux. Hors, selon Bruno Studer, à l’origine du projet de loi, nous savons désormais que 50% des images d’enfants que l’on retrouve sur les sites pédopornographiques proviennent des réseaux sociaux. Autre chiffre tout aussi affligeant, communiqué par le député: en moyenne, un enfant apparaît « sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans ». Une dérive inquiétante de certains parents qui ne semblent pas mesurer l’impact d’une telle surexposition sur les réseaux Sociaux.

Que prévoit cette loi ?

Tout d’abord la notion de « vie privée » de l’enfant dans la définition même de l’autorité parentale du code civil. Un respect auquel seront tenus les parents.

Ensuite, le droit à l’image de l’enfant sera exercé ensemble par les deux parents qui doivent tenir compte de l’avis de l’enfant. En cas de désaccord des parents, un juge pourra interdire la publication en l’absence des deux autorisations.

Le texte aborde également les cas plus extrêmes, ceux qui atteignent gravement à la dignité du mineur. Le texte permettrait au juge « une délégation forcée de l’autorité parentale ».

Selon le député porteur du texte, cette loi a non seulement pour objectif de «responsabiliser les parents » mais aussi de montrer aux mineurs que « les parents ne disposent pas d’un droit absolu sur leur image ».

Le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, a pour sa part pointé du doigt le risque que certaines images puissent encourager le « cyberharcèlement » ou bien encore « compromettre leur crédibilité pour des candidatures scolaires ou professionnelles” futures. Une réalité que les associations de protection de l’enfance ne connaissent que trop bien.

Ce texte protecteur s’inscrit dans la foulée de la loi sur « les enfants influenceurs », loi votée par le parlement en 2020 qui prévoit un encadrement des horaires et des revenus des mineurs dont l’image circule sur les réseaux sociaux.

 Les politiques semblent s’emparer du délicat sujet des réseaux sociaux puisque la semaine dernière, les députés ont voté en première lecture l’obligation pour eux de vérifier l’âge de leurs utilisateurs ainsi que l’accord parental pour l’inscription des moins de 15 ans sous peine de sanctions.

Le projet de loi adopté par l’Assemblée nationale en première lecture après engagement de la procédure accélérée a été modifié par le Sénat le 10 mai dernier et devrait très vite revenir à l’Assemblée pour son adoption. Une loi nécessaire tant la dérive est forte.

Photo : Lilartsy

Cinéma

Le drame de la prostitution juvénile

On parle régulièrement des drames qui se jouent dans les foyers d’accueil pour ces enfants, adolescents et jeunes adultes. Un cadre difficile, parfois presque dangereux, qui pousse certains à vouloir s’enfuir. Et c’est exactement ce qui se produit pour Noémie, héroïne du film  « Noémie dit oui » de Geneviève Albert, sorti en salle le 10 mai dernier.

Alors que sa mère renonce au dernier moment à reprendre sa fille placée dans un centre de jeunesse depuis 3 ans, l’adolescente de 15 ans décide de fuguer.

La suite n’est que la lente et douloureuse descente aux enfers d’une adolescente qui croise le chemin de la prostitution pour survivre. Ce drame de la prostitution juvénile raconté dans ce long métrage d’une heure et demie, est celui que connaissent que trop souvent les jeunes des foyers d’accueil bousculés par une vie marquée par l’abandon.

Magnifiquement servi par l’actrice principale Kelly Depeault, Émilie dit oui est un film criant d’une vérité souvent passée sous silence, bouleversant mais sans doute nécessaire.