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Des témoignages édifiants

Plus de 3 800 témoignages de violences sexuelles ont été enregistrées en seulement 8 semaines.
(photo Dimitri Anikin)

Quelques semaines après le séisme créé par l’annonce des conclusions du rapport Sauvé, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), créée en mars 2021, a livré à son tour le 17 novembre dernier les premiers résultats de son appel à témoignage lancé au mois de septembre.

Mails, courriers, appels téléphoniques, au total ce sont plus de 6200 témoignages qui ont été reçus en seulement 8 semaines depuis l’appel à témoin lancé par la commission. Plus de 3800 questionnaires accessibles sur le site de la Ciivise ont été remplis et ont permis d’en savoir plus sur l’origine et les conséquences de ces agressions.

Premier enseignement : 80 % des personnes ayant rempli le questionnaire ont été victimes de violences sexuelles dans la famille, 20 % dans l’entourage, 10 % dans les institutions et 7 % dans l’espace public.

Neuf témoignages sur 10 proviennent de femmes et 7 sur 10 témoignent plus de 10 ans après leur agression. Une sur deux n’ayant jamais évoqué les faits dit ne pas l’avoir fait par honte.

Les témoignages recueillis, dont 9 sur 10 émanent de femmes, ont permis de mettre en évidence l’urgence d’une prise en charge rapide au vu des conséquences de ces violences sur la santé des victimes de nombreuses années après les faits.

D’après le document du Ciivise “Près de neuf victimes sur dix déclarent que les violences sexuelles ont eu un impact négatif sur leur confiance en eux et sur leur santé psychologique. Une victime sur trois rapporte avoir déjà fait une tentative de suicide”

“Suite aux violences sexuelles, une femme sur trois déclare des problèmes gynécologiques et une sur cinq déclare un dérèglement de son cycle menstruel ou une absence de règles”. A la suite des violences sexuelles, “une victime sur trois déclare n’avoir aucune vie sexuelle. Près d’un homme sur deux déclare avoir une sexualité compulsive, cela concerne moins d’une femme sur trois”.

Lancée en janvier 2021 par le gouvernement, la commission présidée par Edouard Durand, magistrat et expert de la protection de l’enfance, et par Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, a pour but de mieux prévenir les violences sexuelles, mieux protéger les enfants victimes de ces abus et lutter contre l’impunité des agresseurs. Une urgence.