Les enfants placés insuffisamment protégés
Les enfants placés sous la Protection de l’enfance continuent à être insuffisamment protégés et voient leurs souffrances perdurer sur leur lieu de placement ou lors des droits de visite. C’est le triste constat de l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis qui s’est intéressé au cas des jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis. Au-delà des résultats de cette étude , révélés le jeudi 9 mars dernier, c’est sans doute la reconnaissance officielle d’un dysfonctionnement à grande échelle qu’il faut noter à travers cette publication.
L’étude portait sur 100 mineurs victimes de violences sexuelles placés sous protection de l’enfance. Plus précisément, 84 filles et 16 garçons, avec un âge moyen de 14 ans et 7 mois.
Sans surprise, pour 94 cas, les violences trouvent leur source dans le cadre familial, des hommes dans une écrasante majorité. 72 de ces jeunes ont été victimes d’inceste et 75 enfants sur les 100 de cette étude ont été violés.
Fait alarmant, si 67 enfants l’ont été avant leur placement, 57 l’ont aussi été pendant. Soit sur le lieu même de placement, soit dans les foyers d’accueil par d’autres enfants placés, par des professionnels ou encore des personnes de leur entourage. Enfin, selon l’étude, sur ces 57 enfants, 15 ont été agressés lors des droits de visite et d’hébergement décidés par le juge.
Autre enseignement de cette enquête : les jeunes victimes ont le plus souvent connu plusieurs agresseurs et souffrent d’autres types de violences telles que des violences psychologiques (90 %), physiques (79 %), ou sont les victimes de violences conjugales (58 %).
Si ces chiffres n’étonnent que très peu tous ceux qui travaillent autour de la maltraitance infantile, le juge Édouard Durand, spécialiste de ces questions et coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants estime que leur diffusion et leur reconnaissance par le département le sont davantage.
Reste à espérer que cette reconnaissance puisse vraiment accélérer et améliorer la protection des enfants, qui trop souvent n’a de protection que le nom.