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Des témoignages en cascade

Depuis la sortie du livre de Camille Kouchner (La Familia Grande, éditions Seuil), des centaines de victimes d’inceste comme de viols ont osé parler, se sont libérées et enfin exprimées. Racontant avec une émotion souvent déchirante l’horreur de ce qu’ils ont vécu. L’horreur de chaque jour passé avec ce secret couvert de honte. Le hashtag#Metooinceste sur Twitter a remporté un succès qui a dépassé de loin les attentes. Les réseaux sociaux ont aussi du bon, ils permettent parfois à certains d’oser l’impensable : parler.

Et les témoignages viennent de partout, de toutes les franges de la population révélant l’ampleur du problème de notre société. Dès lors les politiques ne peuvent plus ignorer le problème. C’est d’ailleurs aujourd’hui, mercredi 20 janvier, un homme politique qui révèle avoir été violé lorsqu’il était enfant. Bruno Questel (député LREM) était âgé de 11 ans quand un habitant de son village a abusé de lui. Pour lui, comme pour la plupart des victimes, « il n’y a pas une seconde où quelque chose, un fait, une parole, un geste, une nouvelle, ne vous ramène pas à cela ».  L’homme politique ajoute « Je n’ai jamais oublié. Aucune excuse possible. Aucun pardon possible. Aucun repos pour les auteurs de ces actes. »

Ces révélations en cascade surviennent alors que le Sénat s’apprête à examiner une proposition de loi pour créer un nouveau crime sexuel visant à protéger les mineurs de moins de 13 ans. « Je pense que nous devons criminaliser les relations sexuelles entre un adulte et un enfant de moins de 15 ans », a affirmé de son côté le secrétaire d’Etat à l’enfance, Adrien Taquet, mardi sur Europe 1.

Mais devant le tumulte provoqué par l’affaire Duhamel, le texte devrait être durci. La sénatrice PS Marie-Pierre de La Gontrie proposant de renforcer la peine encourue pour les cas d’inceste serait de dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.

Il y a quelques jours, Brigitte Macron avait appelé de ses « vœux » une réforme judiciaire pour lutter contre l’inceste rejointe en cela par le ministre de la santé, Olivier Véran, qui déclarait sur France Inter être « tout à fait sur la position de Brigitte Macron ». D’autres politiques comme Christophe Castaner, président du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, évoque la possibilité « si nécessaire donner la qualification pénale à ce crime ». Passons aux actes !

Reste que l’âge retenu, 13 ans, reste très contesté par les différentes associations de protection de l’enfant, dont l’Enfant Bleu. Que peut-on opposer à 13 ans à un adulte influent ? Les défenseurs du texte opposent qu’il s’agit de «  l’âge de la responsabilité pénale des enfants », selon la sénatrice centriste Annick Billon. « C’est aussi un écart d’âge suffisant » pour ne pas mettre en difficulté des jeunes couples constitués d’un mineur et d’un jeune majeur. Pour sa part Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à l’enfance, plaide pour « criminaliser les relations sexuelles entre un adulte et un enfant de moins de 15 ans ». On le voit, le combat est loin d’être terminé.

L’Enfant Bleu encourage toujours et encore les victimes à parler, pour être aidées et pouvoir se reconstruire, bien sûr, mais aussi pour que la nation entende la profondeur de la douleur d’un crime trop souvent recouvert d’un silence complice.

Que les auteurs d’inceste ou de viols sur enfants en soient convaincus : la parole est libérée. A leur tour de trembler.

L’Enfant Bleu Toulouse est à l’écoute des victimes, enfants ou adultes du lundi au vendredi au 05 61 53 21 10. Psychologues et juristes peuvent vous aider gratuitement.

Photo Devon Divine